Devant l’urgence climatique, environnementale et sociale, il est grand temps de changer notre mode de vie, nos comportements, nos activités, notre travail, notre entreprise, pour aller vers un monde plus durable.
Mais changer c’est difficile ! Changer, ça fait peur ! Plus les changements sont importants, plus nos résistances le sont aussi ! Et il se passe l’inverse du fameux quand on veut on peut ; ici, on veut, et on ne peut pas ! Le sentiment d’impuissance, nos désirs paradoxaux, nos systèmes de croyances et nos représentations peuvent nous conduire à l’inaction ou à des actions contraires au but poursuivi ! Nos émotions et nos sentiments, peur, colère, tristesse, plaisir, joie, peuvent se transformer en freins, augmentant ainsi nos résistances à la transition ou à l’inverse, être une source d’énergie considérable pour nous engager vers de nouvelles voies.
Allez vers la transition ? C’est une mutation, un changement de notre rapport au monde
Pour chacun d’entre nous, la transition écologique et sociale questionne notre rapport au monde et à la vie et il s’agit plus ici de mutation que de changement. Dans le monde économique et du travail, elle interpelle le sens que nous donnons au travail, à l’emploi, à l’activité et à leurs valeurs ; elle peut conduire à des transitions professionnelles, des transformations de nos entreprises, de nos comportements et de nos pratiques professionnelles. Allez vers la transition, c’est aussi évaluer les produits fabriqués, les services proposés au regard de leurs contributions positives ou négatives à la transition et au regard des biens communs. C’est aussi revoir les modes d’évaluation, de rétribution et repenser les rapports sociaux.
Pour les dirigeants, cela peut les conduire à des transformations importantes de la raison d’être de leurs entreprises, de leur culture, de leurs pratiques managériales : seul profit ou finalité sociale ou écologique ? Compétition ou coopération ? Diriger ou faciliter ? Performance individuelle ou intelligence collective ? Ce n’est pas si simple car il faudra peut-être déconstruire des représentations installées de longue date, pour créer d’autres manières de faire ; mais ceux et celles qui s’engageront vers cette transition, seront véritablement des dirigeants, des patrons, des entrepreneurs du monde de demain. C’est ici que la disruption véritable peut émerger à travers ces questionnements et ces nouvelles voies.
D’autres modèles, d’autres bonnes pratiques peuvent être inspirants : des modèles alternatifs, des activités de l’économie sociale et solidaire, des tiers-lieux, des ZAD, c’est là aujourd’hui que se trouvent peut-être l’innovation et les nouvelles pratiques sociales de demain !
Allez vers la transition ? C’est mesurer les impacts de nos activités
Ce que nous disent les scientifiques du GIEC c’est qu’il faudrait que les émissions de CO2 par citoyen français soient divisées par quatre pour limiter le réchauffement à 1,5° en 2050. Aux problèmes du climat, s’ajoutent la perte de la biodiversité et l’épuisement de nos ressources. Les systèmes de mesure des impacts de nos activités sont de plus en plus précis. Si certaines de nos activités ont un impact important, d’autres n’en ont pas ou très peu et sont sources de confort et de joie ; pour réussir cette transition il va falloir changer, en nature et en niveau, nos activités, notre alimentation, nos modes de transport, nos métiers, notre consommation, nos loisirs. Il va falloir aussi repenser la redistribution, les inégalités, les biens communs. La transition fait aussi émerger et développe de nouveaux plaisirs et de nouvelles joies.
La crise sanitaire, l’arbre qui cache la forêt
La crise sanitaire, la pandémie que nous vivons aujourd’hui, s’articule avec l’urgence climatique mondiale comme nous le dit Bruno LATOUR :
En effet, la crise sanitaire est enchâssée dans ce qui n’est pas une crise — toujours passagère — mais une mutation écologique durable et irréversible. Si nous avons de bonne chance de « sortir » de la première, nous n’en avons aucune de « sortir » de la seconde. Les deux situations ne sont pas à la même échelle, mais il est très éclairant de les articuler l’une sur l’autre. En tous cas, ce serait dommage de ne pas se servir de la crise sanitaire pour découvrir d’autres moyens d’entrer dans la mutation écologique autrement qu’à l’aveugle.
Ce moment fait et fera évènement dans l’histoire et à ce titre, il peut ou va produire ou produit déjà chez certains d’entre nous, des amorces de bifurcation de leurs trajectoires antérieures. C’est là que nous avons quelque chose à espérer et à construire pour amorcer les mutations nécessaires, au niveau collectif et individuel.