Ma dentiste a son cabinet à quelques pas de chez moi ; je passe ainsi de temps en temps devant. L’autre jour, je m’aperçois qu’elle a changé sa plaque. Je n’avais pas le souvenir précis de son ancienne plaque, mais je me souvenais surtout que l’on voyait très bien l’inscription de son prénom et de son nom. Elle a le même prénom qu’une de mes filles, qui est aussi celui de la grand-mère de mon mari ; et elle a aussi un patronyme avec deux noms accolés dont l’un pourrait être d’origine malgache et l’autre très local, breton ; bref, une plaque qui racontait toute une histoire !
Et là, ce qui m’a frappé sur cette nouvelle plaque, c’est sa profession : elle n’est pas Chirurgienne-dentiste mais elle est Chirurgien-dentiste !
Qu’est-ce qui a pu conduire cette professionnelle très qualifiée qui exerce son métier avec rigueur, et qui est reconnue par ses patients, à utiliser le masculin pour désigner son titre professionnel encore aujourd’hui ? Si vous lisez sur une plaque Chirurgien-dentiste, sans autre signe ou patronyme ; quelle image vous vient à l’esprit ? Y aurait-il des personnes, qui feraient plus confiance à un dentiste si c’est un homme que si c’est une femme ? Quelles sont les usages de la profession, y aurait-il encore une forme de culture machiste chez les dentistes alors qu’en 2021, les femmes représentent 48% des effectifs et 55% dans la tranche d’âge des 30-34 ans !
Cela m’a semblé incroyable qu’en 2021, une femme appose encore sur sa plaque le masculin pour désigner son métier hautement qualifié. Cela a raisonné chez moi avec les débats enragés autour de l’écriture inclusive. Qui pourrait croire que derrière ceux-ci, ne se jouerait que l’amour des Français pour l’orthographe ?
Et si nous laissions de côté ce débat, et que vous soyez enfin convaincues, Mesdames, qu’une directrice générale, une présidente, une chirurgienne-dentiste, une écrivaine, une auteure ont autant de valeur que leurs équivalents masculins et que vous soyez fières de féminiser vos qualifications. Et, à l’inverse, ne pas féminiser le nom de son métier en 2021, ne serait-ce pas de la soumission librement consentie ?