Il y a un mot magnifique en français qui n’existe pas en anglais, c’est accompagner, accompagnateur. C’est quelqu’un qui est sur le chemin avec vous et qui découvre l’aventure avec vous. Il offre simplement une perspective extérieure, une expertise, des compétences. (Extrait de Insight for the journey – Frédéric LALOUX)
Pour les généralistes de l’accompagnement des organisations et des femmes et des hommes, nous avons un mal fou à expliquer ce que l’on fait et à définir simplement notre fonction, notre rôle dans les transformations. Rien que les mots, déjà plus précis, comme coach professionnel, consultant, facilitateur, ouvrent des champs immenses de pratiques, de types d’invention, d’expertises, de postures, de finalités. Et s’il est quelquefois extrêmement difficile d’expliquer simplement ce qu’est un coach, un consultant ou un facilitateur, alors, c’est un challenge quasi impossible de le faire lorsque l’on est alternativement coach, formateur, facilitateur et consultant, au gré des problématiques rencontrées et des besoins du client. Ces difficultés intrinsèques de se définir s’amplifient avec la nécessité de pitcher pour se présenter ; cela nous conduit souvent à nous enfermer dans des identités professionnelles qui ne correspondent en rien à ce que l’on fait réellement.
Cette difficulté se pose peut-être moins pour ceux et celles d’entre nous qui se sentent à l’aise, utile et heureux dans un type de fonction ou d’expertise spécifiques. Par exemple, les consultants en outplacement ou insertion professionnelle, les consultants en organisation, les consultants en stratégie, les consultants RH, les coachs professionnels, les formateurs et les consultants en management.
C’est en visionnant une vidéo de Frédéric LALOUX que j’ai trouvé les bons mots pour expliquer à mes interlocuteurs, ce rôle d’accompagnement des transformations, tel que je le pratique aujourd’hui. Me voici devenue une accompagnatrice des transformations !
Voici quelques-unes de mes notes mais je vous encourage à voir et écouter Frédéric en live dans sa vidéo Quels rôles pour les coachs, les consultants, les facilitateurs ? *
Dans sa collection de vidéos qu’il appelle Insight for the journey, il s’adresse aux dirigeant-es qui souhaitent mener des changements importants dans leur organisation. Dans la vidéo sur les aides externes, il commence par expliquer qu’aucune organisation qui est sur le chemin d’une transformation en profondeur ne travaille avec des grands cabinets de consultants traditionnels. C’est logique car la plupart continuent à opérer dans une logique Orange (Cf Reinventing Organizations) ; ils continuent à penser que l’on peut anticiper, planifier les transformations !
Ainsi, il propose quatre idées aux dirigeant-es pour se faire aider.
Sa première idée est de leur proposer un mot magnifique en français qui n’existe pas en anglais, c’est accompagner, accompagnateur. C’est quelqu’un qui est sur le chemin avec vous et qui découvre l’aventure avec vous. Il offre simplement une perspective extérieure, une expertise, des compétences. Ce rôle est différent du consultant qui va faire des diagnostics puis proposer des solutions puis conduire la mise en œuvre de ces solutions, l’implémentation ; ou d’un coach qui apportera une aide ponctuelle aux dirigeants. Accompagner c’est « Je marche avec vous le long du chemin ; j’ai une sorte d’intérêt engageant, c’est aussi important pour moi que pour vous et nous allons découvrir ce qui se passe ensemble. Ce qui est important c’est le niveau profond de confiance entre la personne qui peut s’appeler accompagnateur (trice !) ou facilitateur (trice !) et l’organisation et ses membres. C’est celui ou celle qui va vous dire la vérité, qui va tenir le miroir, vous dire des choses que vous n’aimeriez pas entendre.
La deuxième idée est qu’il est vraiment efficace, utile et pertinent que cet accompagnateur intervienne à trois niveaux : le niveau du CEO (Président Directeur Général), le niveau de l’équipe dirigeante et au niveau de toute l’organisation. Cela apporte des éclairages différents, plusieurs angles de vue, la possibilité de repérer des personnes porteuses des transformations ; d’identifier d’éventuels processus bloquants ; cela permet aussi de pouvoir poser des espaces de parole très profonde avec l’équipe dirigeante afin de s’assurer que les membres ne poseront pas de résistance au changement ; cela permet aussi à toute l’équipe dirigeante d’avoir des messages communs et non contradictoires avec leur patron. Des confrères vous diront que ce n’est pas possible ! Frédéric Laloux ne le croit pas ; il nous dit que lorsque l’on est aligné, engagé, digne de confiance, les deux côtés (Direction et toute l’organisation) vont se sentir en sécurité. C’est difficile et exigeant mais ça vaut le coup car c’est très puissant.
La troisième idée qu’il propose, se situe autour de l’expertise que l’accompagnateur peut ou ne peut pas apporter. Il y a un équilibre à trouver entre le trop d’expertises, ce qui empêcherait le système de trouver ses propres solutions et le pas d’expertise, qui risquerait de bloquer les processus de transformation. Il utilise l’image de la clé : l’expertise à certains moments du chemin, peut être proposée, plus comme une clé pour ouvrir une porte, débloquer une situation, que comme un corpus de solutions prêtes à l’emploi.
La quatrième idée que je ne développerais pas ici, est celle des quatre quadrants qui s’inspire de l’approche holistique de Ken Wilber*.
*https://thejourney.reinventingorganizations.com/215-fr.html
*Une théorie du tout – Ken Wilber – Almora Editions – 2014